mardi, avril 25

Tenir ma promesse

Écrire, ....il faut juste trouver du temps....il a pourtant beaucoup de choses à dire de la vie d'ici !

Dans la série la vie n'est pas un long fleuve tranquille, dernier délire de l'éducation nationale en date : faire passer l'option arts plastiques de Pétronille qui dure une demie heure grd maximum à Ho Chi Minh, au Vietnam...ah la bonne blague ! et pour couronner le tout, la semaine d'avant les épreuves du bac, moment où elle se doit à priori de réviser.  Ou comment éviter les 20h d'avion aller retour, avec escale, les frais d'avion, d'hôtel, etc...pour une petite demie heure d'entretien. 
Je rappelle qu'elle passe déjà son Bac à Delhi ( à 3h30 de vol de la maison et qu'il faut y rester une semaine pour boucler ttes les épreuves). Bref ! 
la solution ?  et bien il n'y en a pas !  si ce n'est abandonner l'idée de pouvoir gagner qq points voir jouer la mention...zut ! encore un plan "confort-sécurité" mis à l'eau. Un de ses professeurs l'a élégamment félicité pour ses capacités d'adaptation....moi,je remonte les bretelles, il faut garder le cap et toujours aller à l'essentiel.

Hier visite du plus grand slum de l'Inde. Une ville dans la ville, un bidon ville énorme où tout y est regroupé : artisanat ( cuir, poterie, boulangerie, métallurgie, couture, teinture....,) commerces, soins médicaux, hôpital, recyclage...les gens y vivent et y travaillent dans des conditions très difficiles avec tjrs très peu d'espace. Il n'est surtout pas conseillé de s'y rendre en solo, il faut donc passer par une asso qui nous propose un guide officiel : une partie des frais est ensuite reversée ; c'est une manière de se faire accepter dans le "gang". Très belles scènes de vie le matin tôt, croisons des visages qui en disent long, Quelques "Hi" s'échangent. À mon grand désespoir, il est interdit de faire des photos, pas de voyeurisme nous explique t-on. Le guide me demande où j'habite, j'ose à peine lui répondre. Il nous explique la dureté de la vie d'ici et nous dit qu'il ne faut pas pleurer sur le dos des gens d'ici, ils sont heureux nous dit il.  Je lui explique que je rêvais depuis plusieurs mois de venir ici, il me répond que les dieux sont avec moi et qu'il faut que je les remercie. Croisons des hommes brosse à dent dans la bouche, il est 9 heures du matin, quelques enfants derrières les portes entrebâillées. Il y fait déjà chaud, tout est très organisé, presque une fourmilière avec moins de bestioles (enfin, en apparence !) Les ruelles sont étroites et sales. L'eau y croupit souvent. Les cours d'eau sont des déchetteries. Les odeurs vont avec. Le circuit est déjà tout tracé....dommage.  Nous n'arriverons pas à vraiment voir les gens travailler, notre visite organisée par notre prof d'hgéo est trop courte, je regrette un peu. Nos collégiens restent respectueux du lieu et des gens; le guide en fait la remarque et marque la différence avec le dernier groupe d'américains qu'il a croisé qq jours auparavant. Les Français dans ce pays sont incroyablement bien accueillis, quelle chance pour nous. Passage obligé dans une boutique d'objets en cuir. Rien de franchement emballant. Nos élèves retrouvent leurs repères, je suis un peu triste, on nous annonce que la visite touche presque à sa fin. 
Il faut que je trouve le moyen d'y retourner, aller revoir les potiers malaxant des tonnes de terre avec les pieds et les mains le dos courbé. Revoir les mains tourner, parvenir à ramener qq pots cuits séchés à même le sol contre quelques roupies. Et pourquoi pas faire un jour des commandes ? 

Parfois on croit enfin arriver à ce que l'on veut et puis non, pas vraiment encore... il faut laisser du temps au temps, surtout ici.



oui j'avoue l'avoir prise à la dérobée celle-ci





mercredi, avril 5

Reprendre le cours de l'écriture...


J'avais promis à notre entourage resté sur l'hexagone, vous, en somme, que j'écrirais nos aventures depuis notre départ pour Bombay en septembre. J'ai tenu parole, mais pas longtemps, j'avoue, trop absorbée à gérer notre installation scabreuse, compliquée, entortillée. J'avais alors trouvé le besoin d'extérioriser tous mes maigres soucis, mais comparés à ceux que nous voyons tous les jours ici en Inde...quelle prétentieuse intention j'avais et sans grand intérêt.

Alors je tourne une page et vais essayer de m'y tenir plus intelligemment et régulièrement. 
Je disais aux enfants ce matin que j'avais beaucoup aimé écrire sur mon blog lorsqu'ils étaient petits...notre petite vie à la campagne dans notre fermette était tellement riche (et simple pourtant!) de petits bonheurs partagés; mes écrits presque quotidiens avaient un effet incroyable : plus j'écrivais et plus j'avais envie d'écrire découvrant un semblant de style qui ponctuait notre vie de petites aventures douces, chaleureuses, voire poétiques. Quelques rencontres via bligblog avaient créé de beaux échanges, c'était grisant d'avoir des retours quand l'écho sonnait juste. 

Et puis aujourd'hui, les trois petits ont grandi. Plus de cours d'instrument, ni d'heures d'attente à l'infini dans les couloirs, et encore moins d'examens à travailler d'arrache pied pour le conservatoire. Plus de fête de fin d'année d'école ni de spectacle de danse où passer des heures à coudre, bricoler, inventer, organiser....plus de campagne avoisinante, de vie à la campagne tout court, de jardin, de tour de vélo...plus de fleur des champs,  de potager enchanté, de ballade dans les bois, de petite église cistercienne où se ressourcer...

  
Depuis septembre dernier, notre vie a pris un tout autre caractère....qui l'eut cru ? ( mais ça vous le savez !).  "Vous partez en Inde" ? et ben, bon courage" nous disait on.


L'"expatriation" :
un bien grand mot qu'ici je déteste, que je trouve très prétentieux (décidément)  et qui raisonne un peu comme "se placer au dessus de tous, dans un pays que vous ne connaissez pas encore" parce que vos conditions de vie sont différentes de celles de la majorité des autochtones. De quel droit traiter les gens "d'inférieurs" sous prétexte que votre budget logement, scolarité des enfants et transports quotidiens sont pris en charge par la société dans laquelle vous ou votre conjoint travaille ? 
Je ne cesse de répéter  aux enfants que c'est une chance pour nous de faire une telle expérience. Première règle : ne jamais oublier que du jour au lendemain, tout peut changer et redevenir comme avant.


Vous rêvez d'avoir un chauffeur pour vous trimballer d'un endroit à l'autre partout et tout le temps ? 
et bien je peux vous assurer que je préférais conduire moi même mon vieux break et improviser mes allers et venues comme bon me semblait. Vivre dans une telle mégapole, sans avoir droit de conduire, et où même les taxis ne savent que très rarement où se trouve l'adresse exacte de l'endroit où vous voulez aller car rien n'est vraiment précis ici. Et bien il va vous falloir vous faire à l'idée et engranger beaucoup de patience : en résumé, tourner en rond des temps infinis avant qu'un fameux hasard ne se présente et vous trouve La solution. 
Exemple : poster le fameux dossier APB de Pétronille pour la France...Ok c'était un dimanche, (dernier carra bien entendu...sinon c'était pas drôle!), ...je vous passe les détails : quatre heures de temps il nous a fallut;  et ça s'est terminé sur la bande d'arrêt d'urgence de la grosse quatre voix qui traverse Mumbai à une quinzaine de kilomètres de la maison où un homme à moto s'est enfin pointé, parlant à peu près l'anglais, prenant nos trois enveloppes sous le coude, dans le bruit et l'air pollué de la circulation. J'ai insisté trois fois pour que le cachet du jour soit absolument apposé puis lui ai confié que l'avenir professionnel de notre fille était entre ses mains...Vous imaginez bien qu'ici, on apprend à relativiser ! Je vous épargne la note salée du chauffeur Uber qui ayant coupé son compteur a profité de l'urgence de la situation qu'il a très vite compris pour multiplier sa note par 2...après tout, pourquoi pas.

Toute famille d'expatriés "se doit" d'avoir un (ou plusieurs chauffeurs si vous êtes consul ou ambassadeur), et une (voir plusieurs  "maid"-femme à "tout faire")lorsque vous êtes mère de famille et que vous voulez vous la couler douce (voir super douce !). 
Et bien pour le chauffeur nous n'avions pas le choix. Irshad fait bien l'affaire, il est jeune, conduit bien, discret : ça n'est pas avec lui que nous ferons des progrès en conversation mais nous nous comprenons relativement bien, lui faisons confiance quand aux trajets concernant les enfants et son attitude vis à vis d'eux, c'est le principal. Roulons en musique Indienne, toujours, et avons souvent l'impression de voyager dans le temps sur fond de vieux dessins animés : question DJ, c'est un style ! J'ai essayé de bidouiller les stations de radio l'autre jour, et ai tout déréglé ....mais rien n'a changé ! après tout, il faut rester local !

Je résiste à l'idée d'avoir quelqu'un en permanence à l'appartement en ce qui concerne la "maid" ...je ne connais personnes d'autre dans ce cas, parmi tous les français que nous croisons; je savoure la liberté d'être tranquille chez moi, sans personne, quand je ne travaille pas. Gérer l'indien 'est pas une mince affaire... ce serait pourtant plus facile pour les corvées quotidiennes de préparation de repas (ici en Inde, pas de cantine pour les déjeuners de tte la famille), ménage repassage...c'est simple, elles font tout, même les courses...Lorsque Séraphin raconte à la récré qu'il sait cuisiner, on le prend pour un extra terrestre...vous voyez un peu le problème.
Je remarque que les enfants français élevés à avoir tout qui tombe du ciel sans qu'ils n'aient jamais aucun effort à fournir ne sont pas des modèles d'éducation...
alors, je veille au grain, affaire à suivre ! ...sujet en attente.